Cela fait un an qu'une fois par mois j'ai la joie d'intervenir avec ma collègue clown au sein d'une micro crèche. L'occasion de faire un petit retour d'expérience sur cette aventure originale. L'occasion aussi de remercier la structure qui nous accueille et qui a tenté l'expérimentation avec nous !
Je situe mon intervention en tant qu'art-thérapeute clown dans une médiation artistique qui favorise la découverte de son corps, la confiance en soi et le jeu avec l'autre mais qui dans un premier temps doit apprivoiser l'étrangeté pour s'ouvrir à la richesse de la différence.
Et justement c'est par son apport d'étrangeté que le clown peut amener de la pensée nouvelle pour dépasser l'inquiétant par des émotions exprimables et contenues. L'étrangeté, quand il est apprivoisé, ouvre à la richesse de l'autre tout en se découvrant soi même. C'est le chemin ambitieux que nous proposons aux enfants de la mini crèche.
Il y a donc l'enjeu de la rencontre, des premières instants de la rencontre qu'il faut aborder avec beaucoup de présence distanciée (le positionnement juste, pas trop prés mais présent) et d'une attention flottante (attentif à tout ce qui se passe, geste, mimique, posture, …). C'est le temps de l'apprivoisement mutuel. Notre rituel d'entrée se fait par jeu de balles entre nos deux clowns, avançant à genoux doucement. Au grès des balles perdues vers les enfants le regard se pose au fur et à mesure vers eux. Depuis peu nous rajoutons de la musique, ayant remarqué que la musique contribue à rassurer.
Puis ensuite, quand notre présence est globalement acceptée dans leur lieu nous entamons nos jeux de relation qui sont nourris par des objets à l’intérieur d'une boite suivant le thème de la séance autour de la motricité, et des sens (objets à parcours, objets à son, objets à matière, …). De plus, d'une séance à l'autre nous amenons de nouveau des objets qui ont bien fonctionné. C'est ainsi que deux chansons (à gestes) se répètent à chaque intervention.
Quelques points clés :
- la notion de répétition (rituel, objet repris, chansons répétées) pour rassurer et offrir des piliers dans nos séances
- la présence en délicatesse entre sollicitation et distanciation
- la prise en compte de la singularité de chaque enfant pour respecter son développement
- l'attitude de nos clowns : habillage doux, maquillage léger, voix sans exclamation
- la malléabilité de nos personnages. C'est d'abord les enfants qui nous animent, viennent à notre rencontre et rédigent la règle du jeu.
- la participation active du lieu qui nous accueille.
Je reviens sur ce dernier point car en effet nous ne pourrions intervenir sans la participation pleine et entière du personnel et de la structure. En amont en préparant les enfants à notre venue. Un mois c'est cours mais long à la fois. Raconter des histoires de clowns, afficher des photos de notre présence, préparer la rencontre (nez rouge, dessins, …) c'est nourrir le lien construit. Pendant la séance, la présence du personnel permet par ces gestes (protection) et par les mots de rassurer et de favoriser la curieuse rencontre joyeuse maintenant ou plus tard.
Et cela produit de belles rencontres en soi et avec nous ! Il y a de l'attente, de l'accueil, du mouvement, de l'expression, du jeu, du JE, et du lien qui nous disent de continuer ! Avec joie !