Peut-on faire de l'art-thérapie chez soi tout seul ? C'est à le croire quand on voit fleurir les bouquins sur « 1001 coloriages art-thérapie » ou «les plus beaux mandalas zen art-thérapie » sous entendu : « colorie-moi et je te guérirai ». soyons clair, ces éditions surfent sur l'élan de notre discipline tout en la dévoyant. Parce que NON, désolé de vous décevoir peut-être (mais je me rattrape à la fin du post!) nous ne pouvons faire de l'art-thérapie seul face à ses feutres et ses pages à colorier. Je ne dénigre pas l’intérêt de se concentrer sur l'objet et les couleurs, d'en trouver légitimement du plaisir à la répétition et du détachement de son quotidien. Mais ceci ne suffit pas à amener une pratique de soin (prendre soin) psychique qui se fonde sur une utilisation thérapeutique du processus de création. Rester face à soi même dans une démarche de questionnement ne permet pas de s'inscrire dans une relation tiers pour faire émerger ce qu'on n'arrive pas, ne comprend pas ou ne sait pas voir de soi.
Je perçois trois éléments primordiaux pour être en art-thérapie :
1° le cadre. L'art-thérapeute définie clairement sont cadre d'intervention. C'est à dire qu'il offre un lieu, un espace, un temps, des modalités, des moyens, des objectifs généraux, des connaissances, des outils… qui permettront l’avènement d'une aire de JE. Dans nos interventions en institution, ceci est encore plus nécessaire pour être reconnu au sein d'un rythme institutionnel bien réglé. L'art-thérapeute est garant de son cadre.
2° le processus. C'est le cœur de notre intervention. Le processus est fait d’inattendu, de risque, d'imprévu, car le processus est libre dans un cadre défini. Nous ne savons pas à l'avance ce qu'il adviendra étant différent à chaque accompagnement. L'art-thérapeute est l'investigateur du processus.
3° les effets de la relation. En art-thérapie nous sommes 3 (et non 2 comme dans une analyse classique psychanalytique par exemple). Vous avez l'objet créé ou en cours de création, la personne (ou groupe très restreint) en demande, et l'art-thérapeute. Et entre ces trois sphères se jouent une relation ou la personne en demande transmet ses affects, ses émotions, ses désirs inconscients, son histoire, ses doutes… qui viennent se renouveler vers l'art-thérapeute et sont enfouis dans l'objet créé. Cette prise de conscience permet à la personne de s'en apercevoir (mettre du sens) et de se débarrasser de choses qui pèsent trop lourd. Isolé, ce travail (parfois difficile), ne peut se faire.
Mais ne peut-on pas quand même s'approcher de l'art-thérapie chez soi ? Bien entendu que tout à chacun n'attend pas une analyse pour commencer à penser sur soi ou débuter un travail sur sa façon d'être ! Tous on se débrouille comme on peut pour faire face et se grandir. Certains trouvent leur moment de relâchement dans le sport, la méditation, l'art, la spiritualité, certains vont se sublimer (pulsions qui trouvent une certaines réponses) grâce à des passions, des actions bénévoles ou leur vie professionnelle… Mais il arrive que cela ne suffit plus tout à fait. Lorsque trop de choses vous envahissent et ne trouvent plus de soulagement dans votre vie quotidienne et finissent par rendre flou votre propre histoire, osez l'accompagnement !
Rien ne vous empêche donc d'utiliser l'outil artistique pour poser des choses de vous qui vous amènent de la pensée à travers le processus de création. Pour tout vous dire c'est ce que j'utilise suivant le cadre défini en atelier de médiation artistique. Je leur ai même donné un nom : les créations réflexives ou créations méditatives. Autant de propositions pour ouvrir nos tiroirs personnels (tiens cela me rappelle quelque chose). Vous voulez un exemple… comme j'ai été un peu long, je vous en présenterai une lors de mon prochain post. Préparez-vous...