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répétition

Nous sommes tous Buffo


Au théâtre, avant de jouer sur scène il faut obligatoirement passer par le temps des répétitions avant d'affronter les feux de la rampe. Et sur la scène de nos vies nous répétons de la même manière, dans nos actes, nos modes de pensées, nos créations, nos mots, nous répétons. Vous ne trouvez pas ?

Les artistes recherchent le perfectionnement de leur répétition qui feront leur singularité. La répétition est un pas vers la création.

Quand je reprends un répertoire restreint de chants avec les personnes âgées en unité protégée c'est parce que je sais que ces chants sont intégrés non pas simplement dans le cerveau avec ses failles plus ou moins profondes mais parce qu'elles sont aussi intégrés dans la mémoire du corps et dans leur être (la mémoire émotionnelle) est celle qui se détériore le moins). Ces chants ont fait parti de leur vie avec des affects, des souvenirs, des résonances reliées à elles. A chaque séance nous chantons par exemple la java bleue ou le petit vin blanc et généralement pas besoin de feuille pour cela. La répétition est support pour amener de la valorisation de soi et de la communication entre nous. Mais chaque séance est unique parce que dans ces répétitions, je repère des variations. J'y reviendrais ci-dessous.

Mais pourquoi avons nous besoin de toutes ces répétitions ?

Parce que la répétition rassure, porte et devient une sorte de socle. Par la répétition nous sommes en terre connue de nous même. Elle permet même pour certaines personnes de tenir et ne pas craquer quand il y a souffrance psychique (dans les ateliers en psychiatrie, nous voyons que la répétition contient le patient). Cela peut aller jusqu'à des répétitions désagréables (comportement, acte, ...) mais identifiables et donc quelque part rassurant pour la personne. Sinon quand la répétition se fissure et n'est pas remplacée, elle peut faire place à de la violence ou/et de l'écroulement.

Donc là où ça coince c'est quand La répétition sans cesse répétée enferme et laisse peu de place au sujet acteur, quand elle devient lancinante et qu'elle ne laisse plus beaucoup de place à du vivant en relation possible avec les autres. Tout l'enjeu en art-thérapie est de prendre en compte ces répétitions dans la création, de les laisser surtout vivre puisqu'elles ont leur raison mais d'être à l'écoute de variations dans le processus qui pourraient redonner de l'espace, du souffle à la personne. De la variation pour amener de la pensée et prendre le risque d'affronter des changements finalement souhaités par la personne en demande. Parce que ce qui se passe dans la variation, c'est l’émergence du désir ! C'est la question du désir qui s'invite. Et dans nos ateliers nous faisons le pari du désir pour avancer avec la personne.

Le célèbre clown Howard Butten, prénommé Buffo dit de son parcours sur scène : "Mon optique, c'est de ne jamais créer un nouveau spectacle, mais, comme le faisait Grock, de perfectionner à l'infini un seul numéro qui évolue au fil des années"

Dans nos vies nous sommes tous un peu Buffo, chouette !

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