Lors des transmissions en soins palliatifs, on me préconise d'aller voir la chambre X. Je frappe, j'entre. Gérard me regarde et me sourit. Je me présente, lui dis que je suis venu le voir. Il est allongé. Il donne tout de suite l'image d'une personne souriante et bien au fait de ce qui lui arrive. Nous parlons dans un premier temps de banalité puis il me dit « vous savez, le chemin traîne un peu, cela fait un petit temps que je suis dans cet état ». Je sais qu'il doit bientôt quitter le service pour retourner chez lui. Il me raconte un peu sa vie. Il ne regrette rien de ce qu'il a vécu. Je pose un cœur confetti sur le lit pour accompagner ses propos. En le voyant il poursuit « je suis fatigué, mon cœur est fatigué. Ça traîne». Alors sans hésitation Biloba lui demande comment il voit la suite. « Sereinement ». Et il sourit. « La relève est prête !» Toujours pour illustrer ses propos je prends le cœur et je souffle dessus pour accentuer la légèreté. « Oui comme ça ». Et il sourit encore. Alors je lui demande ce qu'il aurait à transmettre à « la relève » « oh pas grand-chose, simplement que pour comprendre la vie, il faut la vivre ! Et encore… je n'ai moi-même pas tout compris ! ». Face à cette phrase, je lui dis qu'elle est très belle. Je lui propose de l'écrire sur un post-it étoile. Il m'autorise à le faire. Je la colle à côté de son lit.
« Pour comprendre la vie, il faut la vivre ! »
Des fois, dans nos accompagnements, nous n'avons pas grands choses à dire. Juste mettre en forme la poésie de l'instant présent naît du patient. Gérard semblait prêt à vivre la nouvelle aventure qu'il devra accomplir. Le cœur léger au vent.
Mercredi 7 novembre 2018